lördag 12 januari 2013

Sonnets

J’ai lu et les trouve absolument fabuleux. Ronsard Sonnets posthumes Je n’ai plus que les os, un squelette je semble, Décharné, dénervé, démusclé, dépulpé, Que le trait de la Mort sans pardon a frappe : Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble. Apollon et son fils, deux grands maîtres ensemble, Ne me sauraient guérir ; leur métier m’a trompé, Adieu, plaisant Soleil ! mon oeil est étoupé, Mon corps s’en va descendre où tout se disassemble. Quel ami me voyant à ce point dépouillé Ne remporte au logis un oeil triste et mouillé, Me consolant au lit et me baisant la face, En essuyant mes yeux par la mort endormis ? Adieu, chers compagnons, adieu, mes chers amis, Je m’en vais le premier vous preparer la place. *********** Il faut laisser maisons et vergers et jardins, Vaisselles et vaisseaux que l’artisan burine, Et chanter son obsèque en la façon du Cygne, Qui chante son trépas sur les bords Méandrins. C’est fait, j’ai dévidé le cours de mes destins, J’ai vécu, j’ai rendu mon nom assez insigne, Ma plume vole au ciel pour être quelque signe, Loin des appas mondains qui trompent les plus fins. Heureux qui ne fut onc, plus heureux qui retourne En rien, comme il était, plus heureux qui séjourne, D’homme, fait nouvel ange, auprès de Jésus-Christ. Laissant pourrir ça-bas sa dépouille de boue, Dont le Sort, la Fortune, et le Destin se joue, Franc des liens du corps pour n’être qu’un esprit. Ref. Anthologie de la poésie française par Georges Pompidou.